Insolite

Il y a 104 ans, le 23 mai… 🚂🇫🇷
Il y a plus d’un siècle, le Président Paul Deschanel tombait de son train en marche. Les Français découvraient alors que leur Président de la République, grand consommateur d’hypnotiques, souffrait de crises d’angoisse et de dépression.
Mais qui est ce président de la République dont la statue trône fièrement encore aujourd’hui à Nogent-le-Rotrou ? 🤔
Paul Deschanel est né à Bruxelles en 1855. Député à seulement 21 ans, il est nommé sous-préfet de Dreux l’année suivante. Réélu député républicain de l’Eure-et-Loir en 1885, puis de Nogent-le-Rotrou en 1889, il est ensuite constamment réélu. Il occupe à deux reprises la place de président de la Chambre des députés (en 1898 et en 1912).
À la surprise générale, ce ne fut pas Georges Clemenceau – surnommé le “Père La Victoire” depuis 1918 – qui fut élu président de la République en janvier 1920 pour succéder à Raymond Poincaré. Les parlementaires de la IIIe République lui préférèrent Paul Deschanel, un personnage fade, figure des Républicains modérés, partisan d’une troisième voie entre libéralisme économique et socialisme.

Mais, rapidement après sa prise de fonctions de président de la République française le 18 février 1920, Paul Deschanel se rendit compte qu’il n’était pas à la hauteur de sa nouvelle fonction.
Plusieurs témoins indiquent qu’à partir d’avril 1920, il se mit à ressentir des bouffées d’angoisse en réalisant son inexpérience au sommet de l’État, la très faible marge de manœuvre dont il disposait, et les lourdes règles de protocole qui lui étaient imposées.
Les signes d’anxiété et de dépression, ainsi que les crises d’angoisse qui inquiétaient son entourage, conduisirent Paul Deschanel à prendre de plus en plus de drogues hypnotiques pour faire bonne figure.


C’est alors qu’intervint sa célèbre chute de train.
Parti de Paris le dimanche 23 mai 1920 pour inaugurer un monument à Montbrison (dans la Loire), et alors que son train circulait à petite vitesse à proximité de Montargis, dans le Loiret, Paul Deschanel éprouve, peu avant minuit, une sensation d’étouffement – sans doute une crise d’angoisse.
Le président de la République ouvre la fenêtre à guillotine de son compartiment… et chute de son train en marche. 😱🚂


Il se retrouve alors à côté de la voie ferrée, en pyjama et ensanglanté. Le sang qui coule de ses blessures, certes superficielles, macule son pyjama et lui donne l’aspect d’un aliéné tout droit sorti de l’asile. Ses blessures présentent néanmoins un caractère bénin, le train ne circulant qu’à faible allure lors de sa chute.

Après avoir marché, Paul Deschanel rencontre un ouvrier cheminot – un certain André Radeau – qui surveille la zone de travaux, auprès duquel il se présente comme étant le président de la République. 🇫🇷
Caricature du journal l’Humanité du 25 mai 1920.
L’image des personnalités politiques étant à l’époque encore peu diffusée auprès de la population, le cheminot se montre pour le moins dubitatif et moqueur. Il le conduit jusqu’à une maison de garde-barrière, où le blessé est soigné et mis au lit. Le garde-barrière prévient finalement la gendarmerie de Corbeilles, alors que sa femme aurait dit ultérieurement à des journalistes : “J’avais bien vu que c’était un monsieur : il avait les pieds propres.” 🧦🏠


Il est établi par des médecins que la chute du président de la République de son train en marche fut due à une forme de somnambulisme, causée par plusieurs facteurs :
- la prise d’un hypnotique, auquel il n’était pas habitué,
- la chaleur du compartiment,
- le mode d’ouverture particulier des fenêtres à guillotine qui permit le basculement du président lorsqu’il souhaita respirer de l’air frais.
Obligé de céder sa place de président en septembre de la même année, il est réélu sénateur de l’Eure-et-Loir en janvier 1921. Il meurt à Paris le 28 avril 1922 et restera pour la mémoire collective le Président tombé de son train en pyjama. 👔😴
